Fragments du Beau et du Sublime
Alors que la pandémie perdure depuis plus d’un an, nous avons voulu offrir à nos finissant.e.s une occasion de s’en échapper en leur permettant d’imaginer le beau et le sublime. Invités à s’approprier ces notions complexes et intimement liées à l’expérience esthétique, nos jeunes artistes nous ont surpris par leur proposition audacieuse et originale.
Les portes que ces photographes ont ainsi ouvertes laissent entrevoir une lueur, et ce même lorsque la noirceur semble totale. En effet, c’est cette rencontre de la lumière et de l’obscurité qui a inspiré les projets de Korentin Valette, d’Olivier Lebel et de Stéphanie Montiel, tous trois explorent ce sentiment du sublime qui se manifeste dans notre fascination pour la nuit. Depuis le confort du studio ou dans le paysage, ces artistes illuminent les détails au seuil du visible et nous poussent à la frontière du dicible et de l’indicible.
Les travaux d’Ophélie Girardin et Sacha Lamouche, bien que tenant d’un registre visuel chacun très différent, évoquent le sentiment de solitude en nous parlant du temps qui pèse ou qui libère. Alors que nous attendons tous que la vie reprenne son cours normal et que la patience semble devenue vitale à l’espoir, ces artistes nous racontent avec délicatesse et émotion, l’importance de la durée dans tout processus de réparation.
Pour Élizabeth Pageau, le beau résonne dans l’harmonie des rimes plastiques. Ce monde visible qu’elle scrute du regard se transforme en lignes, plans, volumes et tonalités. Dans un travail savant de composition, des fragments se juxtaposent pour former un ensemble graphique complexe et rythmé, situé aux limites du figuratif et de l’abstrait.
Si le sentiment du sublime se décrit également comme une expérience dépassant l’entendement, la folie pourrait peut-être s’y apparenter. Tarass Ramseier s’intéresse à ces moments où le familier devient étrange. Ses performances pour la caméra évoquent des états psychologiques intenses, troubles et chargés de mystère.
Ainsi, nos photographes ont cherché le beau et le sublime autant dans le monde réel qu’imaginé, la vie intime ou le paysage, bref, dans ces divers espaces qui confèrent au temps vécu, sa beauté et sa richesse.
Christine Desrochers et Louis Perreault