Le thème

Liberté

L’ironie du sort aura fait qu’au mois de décembre dernier, ma collègue Catherine Tremblay et moi, annoncions à nos finissant.e.s de la cohorte 2020 que le thème du projet d’intégration du printemps serait liberté. Or, jamais nous n’aurions pu entrevoir que l’appropriation de cette idée et la réalisation des oeuvres se dérouleraient en plein confinement. Un contexte inédit pour l’ensemble de la population, et nos étudiant.e.s ont néanmoins vaillamment poursuivi la réflexion et la conception des images en période de pandémie. L’enjeu fut de taille, car il s’agissait de revoir les intentions et d’adapter les démarches de création en fonction des nouvelles contraintes sanitaires, mais aussi de produire un ensemble photographique dans un contexte technologique bien différent. Le défi fut relevé avec brio, la qualité des images en témoigne. Nos jeunes artistes ont choisi d’aborder le thème de la liberté de multiples manières et leurs regards montrent à voir des désirs, des rêveries et des postures critiques bien campées.

La liberté d’invention façonne la démarche de Mélodie Derderian. Dans ses performances pour la caméra, l’identité est un récit à construire et tout semble possible. L’ensemble photographique d’Élie-Anne Daunais expose les difficultés de créer en étant enfermée par un thème qui paradoxalement souhaite délier les contraintes. Par l’enregistrement de notre énergie thermique, la perspective expérimentale de Diego Jacazio offre une poésie visuelle inédite. C’est le cas également de cette peau humaine qui devient paysage dans le regard de Catherine Laberge. De manière organique et artisanale, les collages de Frédérique Reid-Richard transforment les forêts et les eaux en lieux inédits et multidimensionnels.

Les images permettent de voyager. Le dispositif polysensoriel de Matéo Véga nous transporte dans un quotidien sensible et chargé de sentiments. Valérie Gravel capte cette sensation fugace de liberté que procure l’envol d’un tissu. Par des projections lumineuses qui font éclater les murs de son appartement, Andrew Lanteigne libère et déploie son imaginaire. Émilie Chartrand se fait aussi son cinéma en soufflant du mystère sur une banlieue tranquille. Pour Zachary Charbonneau et Amélie Boyer Campeau, la nature est un repaire qui répare, il suffit d’aller à sa rencontre.

Il faut pouvoir être libre. De son côté, Alexandre Jakubowsky soulève les contradictions de ces petites prisons intérieures que nous nous créons au fil du temps. Pour Saliha Riani, il s’avère nécessaire de s’affranchir du conformisme social qui règne sur les réseaux sociaux et qui formate nos désirs et nos goûts. Dans un journal intime fait d’images, Jasmine Sancartier aborde le désir d’émancipation et d’épanouissement sous la forme d’une quête de soi.

Bref, de bien belles idées qui façonnent de riches démarches de création.

Avec toutes mes félicitations aux diplomé.e.s !

 

Christine Desrochers

Professeure d’histoire de l’art et coordonnatrice du département d’arts visuels.