Le meilleur des mondes
Il ne se passe pas un jour sans que nous soyons avisés que nous vivons aujourd’hui dans le meilleur des mondes. Du moins, c’est ce qu’on tente de nous faire croire lorsqu’on affirme que telle innovation améliorera notre sort, que telle mesure fiscale donnera un peu d’air à notre portefeuille asphyxié, que telle modernisation de l’espace urbain enrayera la pauvreté ou que tel investissement permettra aux générations futures d’espérer mieux. Or, tout en reconnaissant de réels progrès dans de nombreux domaines, force est de constater que nous avançons sur un sol fragile et truffé de paradoxes. Sommes-nous dans le meilleur des mondes ?
Alors que notre siècle fait apparaître de nouveaux défis et réalités (sur les plans social, politique, culturel, commercial et environnemental), nous devons impérativement demeurer vigilants et réflexifs face à notre monde en transformation. C’est pourquoi, nous avons demandé à nos étudiant.es de faire l’exercice d’imaginer et de rêver un monde meilleur, le meilleur des mondes. Les sujets explorés sont diversifiés et font ressortir dans l’ensemble, la charge poétique du langage photographique. En tant qu’enseignants, nous avons guidé nos étudiants dans une réflexion sur les usages de la photographie ainsi que sur les capacités singulières de ce médium à véhiculer le sens d’une idée. C’est ainsi et avant tout, une véritable recherche qui se déploie dans les projets de nos jeunes photographes, un questionnement sur notre monde, mais aussi en regard de la photographie et sa portée symbolique, narrative et conceptuelle.
Si, comme nous le précise Paul Klee, le rôle de l’art n’est pas de reproduire le visible, mais bien de rendre visible, le thème que nous avons choisi cette année appelle nos étudiant.e.s à nous montrer leurs espoirs et leurs craintes face à ce monde en mouvement, mais aussi peut-être à nous faire voir des manières de le rendre meilleur.
Louis Perreault et Christine Desrochers
Avril 2018